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Trois jeunes hommes impliqués dans les violences commises au lycée le 17 février dernier ont comparu mercredi devant le tribunal correctionnel. Deux d’entre eux sont aujourd’hui incarcérés en Guadeloupe.
 
 

Souvenez-vous… Le 17 février, vers 12h30, des jeunes extérieurs à l’établissement, dont un muni d’une machette, ont fait irruption devant le lycée des Iles du Nord à bord de leurs scooters et ont soufflé un vent de panique. Deux d’entre eux ont même entrepris d’escalader le portail et réussi à entrer dans l’enceinte scolaire. Resté dehors, l’individu à la machette aurait lui notamment blessé un élève de 15 ans. Deux lycéens légèrement blessés ont été transportés à l’hôpital. Cette expédition était de nature punitive et faisait suite à des échauffourées survenues plus tôt dans la matinée à proximité du collège voisin.
L’enquête de gendarmerie a permis d’identifier cinq individus, dont trois jeunes hommes – respectivement âgés de 18, 22 et 29 ans – à l’origine de ces violences. Interpellés à leur domicile mardi à 6 heures du matin, ils ont été placés en garde-à-vue. Ils auraient pu être jugés mercredi dernier en comparution immédiate par le tribunal correctionnel, mais l’avocate du prévenu le plus âgé ayant estimé qu’elle avait besoin de davantage de temps pour défendre son client, le tribunal a simplement statué sur les mesures de sûreté qu’il était nécessaire de mettre en place avant leur jugement, qui aura lieu le 29 mars prochain à 14h30 au tribunal correctionnel de Basse-Terre.
 
UN PASSÉ JUDICIAIRE POUR LES TROIS PRÉVENUS
Ils étaient poursuivis pour violences volontaires à l’aide d’armes – une machette, une bouteille en verre cassée et un coup de poing américain -, en réunion, aux abords et à l’intérieur d’un établissement scolaire. Le plus âgé était également poursuivi pour avoir cassé la poignée du portail du lycée.
 
Dans son réquisitoire, le procureur Michael Ohayon s’est attardé sur le cas de chacun des délinquants. Le plus âgé «qui a presque 30 ans et n’a pas trouvé en lui les ressources pour ne pas aller vers de telles violences», encourt jusqu’à sept ans de prison. Il a été condamné à sept reprises par le passé pour vols avec violences et violences aggravées et le procureur a demandé son incarcération provisoire. Incarcération provisoire requise également pour le second, âgé de 22 ans, placé sous contrôle judiciaire en octobre 2015 dans une affaire de cambriolage. Il a été jugé en son absence le 15 décembre à Basse-Terre et condamné à de la prison avec sursis.
 
Le plus jeune, tout juste majeur, a récemment fait l’objet d’une procédure pour violence sur un gendarme, qu’il aurait bousculé, mais n’a pas répondu à la convocation du juge des enfants. Le procureur l’a situé «un cran en-dessous des deux autres sur l’échelle de la délinquance» et a demandé au tribunal d’envisager pour lui un contrôle judiciaire strict, avec interdiction de porter une arme, d’entrer en contact avec sa victime, de s’approcher du lycée, et obligation de se présenter à la gendarmerie deux fois par semaine.
 
LE TRIBUNAL SUIT LES RÉQUISITIONS DU PROCUREUR
L’avocate du plus jeune, Maître Françoise Brunet, satisfaite des réquisitions du procureur, a simplement considéré que son client ne faisait par partie du monde de la délinquance. Maître Isabelle Lacassagne, avocate du jeune âgé de 22 ans, a insisté sur le fait que l’employeur de son client était dans la salle et qu’il attestait de la qualité du travail de ce jeune, toujours à l’heure et respectueux, en ajoutant qu’une détention provisoire viendrait anéantir ses perspectives professionnelles, alors qu’il bénéficie d’un contrat de travail dans une entreprise liée au nautisme. Maître Patricia Chance-Duzant, qui défendait le plus âgé, père de cinq enfants, a assuré la défense de son client en affirmant qu’il passait juste par là, «comme il le fait chaque jour», qu’il a vu plusieurs individus s’acharner sur une personne seule et qu’il est venu à son secours en ajoutant «j’aurais peut-être fait la même chose».
 
Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur et a envoyé les deux prévenus les plus âgés en détention provisoire à la prison de Baie-Mahault, «parce qu’il n’y a pas de garanties suffisantes, compte-tenu de la violence dont ils ont fait preuve». Ils ont été immédiatement embarqués à bord de véhicules de la gendarmerie, devant le regard de nombreux curieux et de leurs copains, auxquels l’accès au tribunal avait été interdit, par crainte de débordements.
 
Un quatrième individu impliqué dans les mêmes violences sera convoqué par le procureur pour une mesure alternative le 5 avril 2016, pour des outrages relevés contre des gendarmes.
 
 
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