Temps de lecture estimé : 6 minutes
La ministre de la santé, actuellement en déplacement aux Antilles-Guyane dans le cadre de la lutte contre le Zika, a suivi les recommandations de la Haute autorité de santé.
 
 

Face au développement de ce virus jusqu’alors inconnu dans nos îles, et aux risques de complications dont il serait vecteur, de nombreuses interrogations persistent et alimentent la psychose. Les microcéphalies constatées chez des bébés nés de mères porteuses du Zika sont-elles liées à l’infection ou, comme tentent de le démontrer des chercheurs argentins et brésiliens, à la présence de pesticides dans l’eau potable ? Le pyriproxyfène, insecticide qui vise à stopper la reproduction des moustiques, est en effet utilisé depuis un an et demi au Brésil. L’organisation mondiale de la Santé (OMS) avait néanmoins insisté sur « la possible association entre l’inhabituelle hausse du nombre de cas de Zika et de microcéphalies ». Si ce lien n’est toujours pas scientifiquement prouvé, la plus grande vigilance s’impose pour les femmes actuellement enceintes dans nos îles.
Pour éviter l’infection par le Zika, les autorités rappellent régulièrement que la protection contre les piqûres de moustique est l’une des premières armes. Mais pas seulement. Le 3 février dernier, le Haut conseil de santé publique (HCSP) avait reçu une saisine de la direction générale de la santé afin d’évaluer le risque de transmission de ce virus par voie sexuelle et de préciser les conduites à tenir. La ministre de la Santé, Marisol Touraine a donc suivi les recommandations de l’instance nationale : « J’appelle les femmes enceintes à être très attentives, il faut que leur compagnon n’ait pas de rapport sexuel sans protection, je recommande l’usage du préservatif », a t-elle déclaré dimanche dernier sur RTL. « Pour les femmes qui ont des projets de grossesse, je leur demande d’être extrêmement attentives, de consulter un médecin pour être bien au fait des risques qu’elles prennent ».
 
Transmission sexuelle « probable »

Dans son rapport publié le 19 février, le Haut conseil de santé publique a estimé que « la transmission sexuelle du virus Zika était probable, même si les données scientifiques sont, à ce jour, trop peu nombreuses pour évaluer son importance dans la transmission du Zika ». L’instance ajoute cependant que la transmission du Zika par voie sexuelle est « probablement négligeable par rapport à la transmission vectorielle », mais qu’elle « doit être prise en considération ». La haute autorité de santé a notamment pris en compte l’observation d’une transmission sexuelle du virus Zika concernant un couple américain du Colorado en 2008. Un autre cas a été signalé en janvier 2016 au Texas, chez une patiente dont le partenaire sexuel revenait d’un voyage au Venezuela. A partir de plusieurs analyses, l’instance nationale plaide donc en faveur d’un « possible réservoir génital », qui serait « en cohérence avec la possible transmission sexuelle ».
 
Quelle attitude adopter ?
Selon le Haut conseil de santé publique, dans des zones d’épidémie Zika les femmes enceintes sont incitées à éviter tout rapport sexuel non protégé ; les femmes ayant un projet de grossesse et celles étant en âge de procréer, sont elles invitées à envisager une contraception pendant la durée de l’épidémie de Zika. Dans ces mêmes territoires où sévit l’arbovirus, les hommes sont eux invités à éviter tout rapport sexuel non protégé avec une partenaire enceinte, ayant un désir d’enfant ou en âge de procréer.  
Dans les zones où l’épidémie de Zika n’est pas déclarée, les femmes enceintes, et celles ayant un projet de grossesse ou étant en âge de procréer, sont invitées à ne pas avoir de rapports non protégés avec un homme ayant pu être infecté par le virus ainsi qu’à différer les voyages prévus dans une zone d’épidémie. Les hommes et les autres femmes doivent eux éviter toute relation sexuelle non protégée avec un partenaire ayant pu être infecté par le virus Zika.
La haute autorité de santé entend rappeler que ces recommandations ont pour « objectif majeur » de « prévenir la survenue d’embryofœtopathies suite à une infection de la mère, par le virus Zika, contractée pendant la grossesse ».
 
Le saviez-vous ?
 
Le Zika tire son nom d’une forêt africaine située en Ouganda, où il a été identifié pour la première fois en 1947. Il a été à l’origine d’une première épidémie dans les îles Yap en Micronésie en 2007, avant de se propager en 2013-2014 en Polynésie française.
 
 
ZIKA : LA LUTTE S’ORGANISE
 
Depuis mercredi et jusqu’à dimanche, la ministre de la Santé est en déplacement en Guadeloupe, Martinique et Guyane pour évaluer la progression du Zika et les mesures prises pour lutter contre le moustique vecteur du virus. A ce titre, jeudi, la préfète des îles du Nord Anne Laubies, ainsi que la vice-présidente de la Collectivité Ramona Connor, se sont rendues en Guadeloupe pour participer à une réunion du comité de suivi et de coordination. Avec 11 cas biologiquement confirmés, l’épidémie gagne doucement Saint-Martin quand toujours aucun cas n’est répertorié à Saint-Barthélemy. Le gouvernement de Sint Maarten signale quant à lui un deuxième cas confirmé de Zika : il s’agit d’un touriste néerlandais arrivé sur l’île début février.  
 
Sus aux carcasses
Si elle a été décidée «grâce» à l’épidémie de Chikungunya, la mise en place d’un vaste programme d’élimination des carcasses de véhicules vaut aussi pour le Zika et rendra service à l’environnement. Au mois de janvier, le conseil exécutif de la Collectivité a approuvé un budget prévisionnel de 450.000 euros pour la collecte et le traitement des véhicules hors d’usage sur trois ans, entre 2016 et 2018 : 150.000 euros pour leur collecte et leur transport, et 300.000 euros pour leur traitement. Le conseil exécutif a également approuvé la demande d’une subvention de 225.000 euros à l’ADEME (Agence de développement et de maîtrise de l’énergie), la Collectivité prenant en charge les 225.000 euros restants. A Saint-Martin on verra peut-être enfin disparaître ces tas de ferraille disgracieux représentent non seulement une nuisance pour le paysage mais également un réceptacle idéal pour les eaux de pluie et donc des gîtes potentiels pour le développement des moustiques, dont les larves ont besoin de petites quantités d’eau stagnante pour se développer. Restera toujours à lutter contre l’incivisme de certains administrés qui laissent pourrir leur bien sans se soucier des conséquences sur la santé de la population et l’environnement de Saint-Martin.
 
 
Grand-Case :
un gîte larvaire d’exception (voir galerie photo)
A l’heure où le Zika remplit régulièrement nos colonnes, un fidèle lecteur n’a su résister au « plaisir » de nous transmettre cette photo d’une nappe d’eau stagnante prise à Grand-Case, rue des Ecoles. Certains messages ont manifestement beaucoup de mal à passer…
Commenter avec Facebook

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.